Charles-Tristan de Montholon
|
|
Naissance21 juillet 1783 Paris |
Décès21 août 1853 (à 70 ans)
|
Origine France |
|
Charles Tristan, marquis de Montholon est un militaire
français, compagnon de Napoléon à Sainte-Hélène, né
le 21
juillet 1783
à Paris
et mort dans la même ville le 21 août
1853.
//
Biographie Son père, Mathieu de Montholon (1753-1788) était
d’une ascendance incertaine, fils de Mathieu de Montholon, conseiller au
parlement de Metz et de Marie-Louise
Maurin, fille d’un conseiller à la Cour des Aides. Par son mariage avec
Angélique Aimée de Rostaing (1756-1842), fille du comte de Rostaing, colonel du régiment
de Grenoble, et d’Anne Henriette de Lur-Saluces, il s’alliait à la
meilleure noblesse : cela lui valut d’entrer au service du duc de Penthièvre, d’où il passa
à celui de Monsieur, dont il eut la charge de
Premier veneur. Ayant à faire les preuves pour les Honneurs de la Cour
[1],
il affirma tenir des comtes de Lée et de Montholon, en Autunois,
mais les preuves ne furent pas reçues ; en compensation, on reconnut à
son père, par lettres patentes du 6
octobre 1787,
la noblesse d’extraction
[2] et l’on autorisa son fils aîné à porter le titre de comte de Lée. Ce
dernier, le père de Charles-Tristan de Montholon, préféra prendre le
titre de marquis de Montholon
[3].
Une
rapide carrière d'officier d'état-majorA la mort de Mathieu de Montholon, son fils avait six ans. Il fut
adopté par son beau-père Charles-Louis Huguet de
Sémonville, étonnante figure, surnommé « le vieux chat » par Talleyrand, dont Bonaparte a fait un conseiller d'État, un sénateur, puis un
comte de l’Empire. Ce personnage influent, qui a joué un rôle crucial
dans la conclusion du mariage autrichien, s’occupa avec soin des enfants
de sa femme. Il maria la fille aînée au comte de Sparre, et la cadette
d’abord au général Joubert, puis au général MacDonald ; il
adopta les deux garçons. L’aîné, Charles-Tristan, dut à cette protection
une rapide carrière : le 7
octobre 1799,
à seize ans, il fut nommé adjoint du génie par Championnet ; le 31 mai 1800, il fut
promu lieutenant et détaché comme aide
de camp du général Augereau, ce qui
lui valut ses galons de capitaine le 3
novembre 1801 ;
réformé avec traitement le 22
décembre 1801,
il fut placé en mission auprès du ministère des Affaires
étrangères d’avril 1802 au 30
décembre 1802,
date à laquelle il fut nommé aide de camp du général Klein ; le 12 mai 1803, il fut
aide de camp de son beau-frère, le général MacDonald.
En novembre 1804,
Sémonville demanda pour lui le grade de lieutenant-colonel ; Berthier en fit la proposition à
l’Empereur, en l’appuyant de la chaude recommandation de Maret
[4] :
« Cet officier n’a pas le temps de service nécessaire. », annota
Napoléon
[5].
Montholon continua de servir dans les états-majors. Le 11
septembre 1805,
il fut affecté à celui de la Grande Armée. Il y obtint la Légion d'honneur le 14 mars 1806 et le
grade de chef d'escadrons, le 9
janvier 1807.
Le 6 septembre 1807, on le trouvait aide de camp de
Berthier. Le 13 mai 1809,
il fut promu adjudant-commandant (lieutenant-colonel) et le 28 mai
1809, comte de Sémonville, sur transmission du titre de son beau-père
qui avait constitué un majorat à cet effet. Le 15 août
1809, il reçut une dotation de 4 000 francs sur les biens du domaine
extraordinaire en Hanovre et, le 21
décembre de la même année, il figura sur la grande fournée de chambellans,
la même que celle dans laquelle on trouve également Las Cases. Il fit effectivement son
service en cette qualité en 1810 et 1811.
Un
imprudent mariage d'amour Le 20 janvier 1812, Montholon quitta l’armée pour embrasser
grandement la carrière diplomatique en devenant ministre plénipotentiaire auprès
du grand-duc de Wurtzbourg, ci-devant
grand-duc de Toscane, à la faveur d’une vaste fournée de diplomates.
En 1808,
Montholon avait rencontré une jolie femme, déjà divorcée une première
fois
[6],
de trois ans plus âgée que lui, Albine de Vassal
[7],
épouse en deuxièmes noces d'un financier genevois, le baron Daniel
Roger
[8].
Ce fut un coup de foudre réciproque. Albine quitta le domicile conjugal
pour vivre avec Montholon dont elle eut un fils, Napoléon Charles
Tristan,
né le 3 octobre 1810. Le baron Roger demanda et obtint la séparation de
corps le 26 avril 1809, puis le divorce le 26 mai 1812.
Montholon demanda alors la permission d'épouser la jeune femme, mais
celle-ci lui fut refusée. Profitant du passage de Napoléon, partant pour
la Campagne de Russie, à Wurtzbourg,
il eut recours à un stratagème en se faisant accorder un congé pour
épouser « une nièce du président Séguier », avocat général à la Cour de Cassation, en omettant de
préciser que cette nièce était précisément la jeune femme pour laquelle
l'autorisation lui avait été précédemment refusée. Il revint vite à
Paris et épousa discrètement Albine dans une petite commune proche de
Paris (à Draveil),
le 2
juillet 1812.
Cette imprudence lui valut sa destitution lorsque Napoléon découvrit
le pot aux roses, sur un rapport dressé par le duc de Rovigo : il ordonna la
révocation de Montholon de ses fonctions de ministre plénipotentiaire
[9],
qui fut effective le 10
décembre 1812.
Montholon dut se retirer en province, et vécut avec sa femme dans un
petit château à Changy, près Nogent-sur-Vernisson, dans une
situation financière critique, car il semble avoir dilapidé en quelques
mois tous les fonds dont il pouvait disposer.
Après la campagne de Russie, on rappela tous les officiers non
employés : en avril 1813, Montholon fut désigné pour se rendre à Metz, comme
chef d’état-major de la 2
e division du 3
e corps de cavalerie légère. Il refusa en
invoquant une blessure à la cuisse gauche qui l’empêchait de monter à
cheval, ce qui fut vérifié
[10].
En septembre de la même année on voulut l’envoyer comme chef
d’état-major du prince d’Essling à Toulon,
puis le 4 décembre, on l’informa qu’on le mettait à la disposition
du général Decaën, commandant en
chef dans les Pays-Bas. Il répondit qu’il s’y rendrait « dès que
sa maladie le lui permettrait »
[11],
prétextant une fièvre. Le ministre, lassé de ces esquives, ordonna
alors de le faire rechercher. On le trouva à Paris le 22
janvier 1814.
Toujours invoquant sa santé délicate, il demanda le commandement d’un
département. Le 2 mars, on lui donna celui de la Loire, et il alla rendre visite au
préfet, Rambuteau, qui
formait des bataillons provisoires avec les régiments réfugiés dans son
département. Montholon en prit le commandement. Il se dirigea sur la Franche-Comté pour appuyer le maréchal Augereau, dut se
replier sur Lyon
et Roanne,
puis sur Saint-Bonnet-le-Château, où le
préfet avait translaté sa préfecture, où il se terra pendant quelque
temps, coupé de ses troupes qui battaient la campagne. Un ordre du général Poncet finit par l’en déloger le 2 avril,
mais il était bien tard : les Autrichiens avaient pris Montbrison
et Roanne le 10 avril. Montholon, en battant en retraite devant l’avance
des colonnes autrichiennes, se fit verser par le payeur de Noirétable
une « somme de 2 000 francs imputable sur le 1
er trimestre 1814
pour ses appointements, plus le mois de décembre 1813 arriéré »
[12] ;
le 14, à Clermont-Ferrand, il se fit remettre cette
fois, par le payeur général du département, 5 970 francs « pour valoir
sur la solde des troupes qu’il commandait, l’arrivée de l’ennemi dans
une heure ne permettant pas de régulariser les paiements »
[13].
Une
valse hésitation sous la Première Restauration et les Cent-Jours Après l'abdication de Napoléon, il remit son commandement au colonel Genty du 8
e léger. Il semble qu’il ait alors gagné Fontainebleau
qu’il atteignit le 20 avril, à temps pour y croiser l’Empereur qui
partait pour l’île d'Elbe. En tout cas, le même jour, il
s’adressait au général comte Dupont de l'Étang,
commissaire au département de la Guerre pour le roi Louis XVIII :
« J’ai l’honneur d’exposer à Votre Excellence qu’accablé depuis
dix-huit mois de la disgrâce du Gouvernement par suite d’un rapport du général Savary
[14],
mon avancement militaire a été complètement arrêté et que déjà, j’ai
près de six ans de grade d’adjudant-commandant. Permettez-moi,
Monseigneur, de solliciter de votre bonté le grade de général de
brigade. Je servirai le roi aussi fidèlement que mes pères servaient Henri II et François I
er. »
[15]Ces offres de service ne furent pas immédiatement suivies d'effet
mais Montholon obtint quand même la croix de chevalier de
Saint-Louis, le 8 juillet 1814. Le 31
juillet, il écrivit à Louis XVIII :
« Sire,« J’ai ressenti les augustes bienfaits de Votre Majesté avant qu’il
me fût permis de les apprécier. Je n’avais pas atteint l’âge de six ans
que Votre Majesté daigna, par une faveur spéciale, me conférer, à la
sollicitation de Madame la princesse de Lamballe, à
laquelle j’avais l’honneur d’appartenir, la place de premier veneur,
occupée précédemment par mon père et qui a péri sur ma tête. Sire,
parvenu à seize ans, privé de ma fortune et de mon prince, j’ai cherché à
me rendre au moins digne de l’honneur que j’avais reçu de vous.« Votre Majesté venait d’ordonner le licenciement des armées
royales.« J’ai servi mon pays. Treize campagnes, dix grandes batailles
auxquelles j’ai concouru, plusieurs chevaux tués sous moi, tous mes
grades obtenus à l’armée, tels sont les titres que j’ai l’honneur de
déposer aux pieds de Votre Majesté. J’ose la supplier de se faire rendre
compte de mes services par son ministre de la Guerre et de me permettre
de verser tout mon sang pour Elle dans le grade de maréchal de camp
qu’occupent aujourd’hui mes cadets.
« Le colonel marquis de MONTHOLON,« beau-fils de M. le comte de Sémonville, grand référendaire de la
Chambre des Pairs. »
[16]Le 23 août 1814, Montholon fut nommé maréchal de camp (général de brigade), par
un brevet signé de Louis XVIII. S’il ne fut pas rétabli dans sa charge
de Premier Veneur – dont il avait obtenu la survivance mais non la
finance à la mort de son père en 1788 – il
obtint les entrées de la Chambre. C’est alors qu’il y eut bruit de la
somme de 5 970 francs prélevée sans aucune justification sérieuse sur le
receveur général de Clermont-Ferrand. Augereau voulut le faire passer
en conseil de guerre. Montholon fit se
démener sa parentèle auprès du général Dupont, qui ajourna la décision.
Montholon tenta de se faire rétablir dans son commandement en faisant
intervenir ses beaux-frères, le maréchal MacDonald et le comte de
Sparre, auprès du maréchal Soult, nouveau ministre
de la Guerre. En vain. Il réclama alors, en compensation, la cravate de
commandeur de la Légion d’honneur, alors qu’il n’avait jamais été promu
officier, contrairement à ce qu’il prétendra. Il ne l’obtint pas
davantage, mais fut invité à ne pas paraître à la Cour et à se faire
oublier. Sa carrière qui s’annonçait brillante sous les Bourbons venait
de se briser sur ses prévarications.
C’est alors que survint le coup de théâtre du Vol de
l’Aigle. Le 2 juin 1815, Montholon demandait au prince d’Eckmühl, ministre de la Guerre, la
confirmation de son grade de maréchal de camp et son rappel à
l’activité. Le 5 juin, il s’adressait à l’Empereur :
« Sire,« Le 21 avril 1814, dix-huit jours après la trahison de l’Armée de
Lyon, dans laquelle je servais, j’ai été à Fontainebleau, offrir à Votre
Majesté la brigade que je commandais et que je lui avais conservée
fidèle, au milieu d’une armée rebelle et d’une population révoltée. Je
n’ai pas craint alors le danger auquel m’exposait ma résistance aux
ordres du maréchal Augereau, aux séductions du marquis de Rivière et aux
insistances de ma famille. Tout dévoué à Votre Majesté, j’ai tout
sacrifié pour Elle.« Sire, Votre Majesté jugera si, de tous ses serviteurs restés en
France, aucun plus que moi ne s’est rendu digne de ses bontés par son
constant dévouement et, s’il m’est permis de déposer à ses pieds le
pénible sentiment que m’a fait éprouver la préférence qu’elle a donnée
sur moi à plusieurs de mes camarades dont la conduite fut opposée à la
mienne.« Sire, par le dévouement dont j’ai fait preuve, je pouvais avoir
l’espoir d’être appelé à un service militaire auprès de Votre Majesté ;
par mon nom, le premier de la magistrature française, ma fortune
territoriale et l’existence de ma famille, je pouvais avoir des droits à
faire partie de la Chambre des Pairs. Je ne réclame point auprès de
Votre Majesté ce que j’eusse été doublement heureux de devoir à sa
bienveillance, mais je la supplie de m’accorder de l’activité et un
poste d’honneur. »
[17]L’Empereur annota favorablement la lettre qui lui était destinée et
la transmit à son aide de camp, le général Flahaut, qui avait entre les mains le rapport du
ministre de la Guerre sur la demande que Montholon lui avait adressée.
Aussitôt, le 5 juin 1815, Montholon fut nommé général de brigade, recevant ainsi de
nouveau de Napoléon le grade qu’il avait obtenu une première fois de
Louis XVIII. Mais il resta sans affectation.
Avec Napoléon
Ier à Sainte-Hélène Au retour de Waterloo, et bien qu’il ne fût plus chambellan, il se
présenta à l’Élysée revêtu de l’habit écarlate à
parements d’argent qu’il avait porté en 1810. Le
palais était fort désorganisé, presque vide, on l’employa, et il
protesta hautement de son dévouement. Quand l’heure du départ sonna, il
se glissa dans la suite de l'Empereur.
Il se trouvait avec Napoléon sur le
Bellérophon le 31
juillet 1815
lorsque l'Empereur reçut lecture de la note du gouvernement britannique
qui le condamnait à être détenu à Sainte-Hélène. Cette note précisait : « On
laissera le général Buonaparte choisir, parmi les personnes qui l’ont
accompagné au Royaume-Uni, à l’exception des généraux Savary et Lallemand, trois officiers qui,
avec son chirurgien, auront la permission de l’accompagner et ne
pourront quitter l’île sans l’autorisation du gouvernement
britannique. » Profondément abattu, Napoléon refusa d'abord obstinément
de désigner les trois officiers qui l’accompagneraient à Sainte-Hélène.
En définitive, il désigna les généraux Montholon et Bertrand et le colonel Planat de La Faye, avant que
ce dernier ne soit remplacé par le général Gourgaud sur les protestations de celui-ci.
Une légende tenace a affirmé que les Britanniques se seraient
arrangés pour que Montholon, que Napoléon ne connaissait pas
particulièrement et qui a été accusé sans preuve d’avoir été un agent
chargé par les Bourbons d’empoisonner l'Empereur, fût du voyage. Cette
supputation est gratuite puisque l’état annexé à la lettre adressée par
le général Bertrand au capitaine Maitland, commandant le
Bellérophon,
le 14
juillet 1815
[18],
qui constituait la liste officielle « des personnes composant la suite
de Napoléon Buonaparte »
[19],
comporte, en retirant Savary et Lallemand, trois officiers généraux
(Las Cases est mentionné au nombre de ceux-ci) et sept officiers (en
retirant le chirurgien Maingaut, porté parmi ceux-ci) soit dix officiers
parmi lesquels Napoléon était libre de choisir ses trois compagnons. Il
n’était donc nullement tenu de désigner Montholon. Si les Britanniques
avaient voulu qu’il le fît, ils auraient précisé « trois officiers
généraux ».
Controverses
sur la personnalité et le rôle de Montholon D'après la thèse du chercheur napoléonien Ben
Weider, Montholon serait le véritable responsable de la mort de
Napoléon en l'ayant empoisonné à l'arsenic.
Toutefois, cette thèse est contredite par la plupart des historiens et
chercheurs. Lors de l'étude des restes de la chevelure de l'Empreur, il a
été relevé des traces d'arsenic, certain disent que cet arsenic présent
dans la terre ou a été enterré Napoléon, aurait migré et se serait
fixé. C'est impossible puisque le cerceuil de l'Empreur était double, le
corps était enfermé dans un cercueil de plomb et le tout renfermé dans
un cercueil d'acajou (il me semble) tout au moins de bois précieux des
Iles. La migration de l'arsenic ne peut se faire avec une telle barrière
entre la terre et le corps d'autant plus que l'arsenic ne se serait pas
fixée dans les cheveux, les cheveux contenant de l'arsenic en interne
et non en couverture. N'oublions pas que Montholon était le seule à
s'occuper du vin de l'empreur qu'il recevait par fût et qui était alors
mis en bouteille puis dans la caraphe par Montholon. Il est à noter que
l'épouse de Montholon très frivole
[non neutre] avait eu plusieurs aventures sur l'ile de Ste Hélène avec l'empereur et
que son mari était d'une jalousie maladive, il aurait très bien pu
verser de l'arsenic dans le vin de l'empreur par vengeance. L'autopsie à
laisser apparaître des lésions de type ulcéreuses, ce qui est une des
causes, donc peut être dans le cas de l'emprereur, de l'absorption par
faible quantité et sur une longue période d'arsenic. sources: le bimensuel L'ANCIEN COMBATTANT - COURS DE
CHIMIE APPROFNDIS SUR LES CORPS ARSENIES
[évasif] Ce fut Montholon qui
ferma les yeux à l'Empereur. Dans le testament de l'illustre captif on
lisait ce qui suit :
« Je lègue au comte de Montholon deux millions de francs comme une
preuve de ma satisfaction des soins filials qu'il m'a donnés depuis six
ans.
Je lègue au comte Bertrand cinq cent mille francs.
Je lègue à Marchand, mon premier valet de
chambre, quatre cent mille francs. Les services qu'il m'a rendus sont
ceux d'un ami. Je désire qu'il épouse une veuve, sœur ou fille d'un
officier ou soldat de ma vieille Garde.
J'institue les comtes Montholon, Bertrand et Marchand, mes exécuteurs
testamentaires, etc., etc. »
Le retour en
EuropeLe 27
mai 1821,
Montholon et les derniers compagnons de Napoléon embarquaient sur le
Camel qui faisait voile vers l'Europe. Le 25
juillet, alors que le bateau entrait dans les mers d’Europe,
Montholon ouvrit le testament. On arrêta le compte de la succession, qui
laissa un reliquat de 145.000 francs qui fut partagé entre les trois
exécuteurs testamentaires. Montholon retrouva Paris en octobre.
Il mena d’abord grand train, entre son hôtel à Paris, rue
Chantereine, 52, et son château de Frémigny, près d’Arpajon.
Peu de temps après son retour en France, lui et sa femme s’étaient
séparés : la liquidation de la communauté fut prononcée par le tribunal
civil de la Seine le 23
février 1828.
De concert avec Gaspard Gourgaud, son ancien ennemi, ils éditèrent les
Mémoires
pour servir à l'histoire de France sous Napoléon (8 vol., 1822-1825). Des
spéculations eurent tôt fait d’engloutir les legs de l’Empereur. Il fit
banqueroute en juillet 1829 ; condamné à la prison pour dettes par jugement du
tribunal de commerce de la Seine du 31
juillet 1829,
il s’enfuit à l’étranger et dut attendre sa réhabilitation jusqu’en 1838. La monarchie de Juillet, bienveillante aux
bonapartistes, lui rendit son grade, le 22 mai 1831, mais
sans l’employer. Il fila à Londres
pour échapper à ses créanciers, et intrigua avec Louis-Napoléon Bonaparte. En 1840, on le
vit non pas le 7 juillet s’embarquant sur la
Belle Poule pour se
joindre à l’expédition du retour des cendres, mais, un mois plus tard au
désastreux débarquement de Boulogne-sur-Mer le 6 août.
Cette aventure lui valut d'être condamné par un arrêt de la Cour des
Pairs du 6 octobre 1840 à six ans de forteresse à Ham. Son ami Gourgaud, très en cour sous la monarchie de
Juillet, l'en fit sortir le 10
juillet 1846
après l’évasion de Louis-Napoléon Bonaparte.
À Ham, Montholon s'occupa à rédiger l'ouvrage qu'il publia en 1846 sous le
titre
Récits de la captivité de l’Empereur Napoléon à Sainte-Hélène[20],
précédée d'une notice biographique de fantaisie, pourtant reproduite
quasi-intégralement par de nombreux ouvrages ultérieurs. Le fidèle valet
de chambre de l'Empereur, Marchand, lui fit quelques observations
respectueuses, auxquelles il répondit en l’engageant à l’aider à
rectifier ses erreurs lorsqu’on ferait une seconde édition
[21] mais il n'y en eut pas car l'ouvrage n'eut guère de succès.
A Ham, Montholon avait un appartement au rez-de-chaussée d’un petit
bâtiment sur la cour, au premier étage duquel logeaient Louis-Napoléon
et le D
r Conneau.
Montholon et Louis-Napoléon vécurent ainsi dans l’intimité pendant six
ans. Ils dînaient ensemble presque tous les soirs, terminant la soirée
par des parties de whist dont l’ennui ne le disputait pas aux parties
d’échec de Longwood. Pour la seconde fois, Montholon partageait la
captivité d’un Bonaparte ; sans doute adoucissait-il celle du neveu en
lui racontant l’exil de l’oncle ; il était dit qu’il accompagnerait dans
leurs prisons les deux membres les plus remarquables de la famille. Les
conditions de captivité réservaient quelques souplesses : une
irlandaise, Caroline O’Hara (1802-1886), qui avait été la maîtresse de Louis-Napoléon,
passa de celui-ci à Montholon, ou vice-versa, on ne sait trop ; elle
vivait pour ainsi dire à demeure ; le général lui fit d’abord un enfant,
en avril 1843
[22],
puis l’épousa, en 1849 après la mort d’Albine, survenue en 1848.
Montholon fit partie du comité national de soutien à Louis-Napoléon
Bonaparte pour l’élection présidentielle de 1848 et, en
mai 1849,
il se fit élire à l’Assemblée législative dans le département de la Charente-Maritime. Napoléon III n’oublia
pas entièrement, contrairement à ce qu’on a dit, leur équipée et leur
captivité commune : Montholon, ruiné, reçut un don de 50.000 francs, en
avril 1852 ;
la même année, il fut réintégré dans son grade de général de brigade
et, l’année suivante, devint comte de l’Empire
[23].
Il ne survécut pas longtemps à l’avènement du Second
Empire : il mourut à Paris le 20 août
[24] 1853, âgé
de soixante-dix ans. Ses enfants demandèrent vainement à Napoléon III
qu'il soit inhumé aux Invalides, comme le général Bertrand.