La guerre de Sept Ans La guerre de Sept Ans, qui fut le premier véritable conflit européen, trouva ses origines dans la guerre de Succession d'Autriche (1740 - 1748).
L'archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche était la fille de l'empereur Charles VI. A la suite de la Pragmatique Sanction de 1713, Charles avait fait reconnaître sa fille comme l'héritière des possessions des Habsbourg. A la mort de Charles VI, les puissances européennes dénoncèrent le traité conclu et se mirent à conspirer contre Marie-Thérèse avant de déclencher la guerre de Succession d'Autriche à l'issue de laquelle le roi de Prusse, Frédéric II, s'empara de la Silésie aux dépens des Autrichiens. Une nouvelle frontière fut établie lors de la signature du traité d'Aix-la-Chapelle.
Vaincus, les Autrichiens ne renonçèrent pas à récupérer les territoires perdus. Ils parvinrent, contre toute attente, à conclure une alliance avec leur ennemi traditionnel, la France. Ils parvinrent également à s'allier à la Russie et à la Suède.
A la même époque, la guerre éclata entre la France et l'Angleterre au sujet de la possession des colonies d'Amérique du Nord. Les Anglais s'allièrent à Frédéric de Prusse par le traité de Westminster. Les alliances étaient désormais en place :
la Prusse et l'Angleterre d'une part,
l'Autriche, la France, la Russie et la Suède d'autre part.
Confronté au spectre d'une puissante coalition, Frédéric II frappa le premier.
Les premières opérations Le 29 août 1756, l'armée prussienne, forte de 70.000 hommes, pénétra en Saxe et s'empara de Dresde, le 3 septembre.
Après ces débuts prometteurs, l'armée prussienne alterna les victoires et les défaites. Un an plus tard, vers la fin de 1757, les Prussiens, réduits à 68.000 hommes, se virent menacés à l'Ouest, au Sud et à l'Est par 350.000 soldats coalisés.
Le 5 novembre 1757, Frédéric II réussit l'exploit de vaincre une puissante force franco-allemande à Rossbach. Au prix de 600 hommes perdus (dont à peine 200 tués), il infligea aux alliés la perte de 8.000 hommes (dont 5.000 prisonniers), 70 canons et d'énormes quantités de matériel. Eternelle financière des guerres européennes, l'Angleterre fit alors don aux Prussiens d'une somme d'un million de livres sterling. L'armée prussienne fut entraînée de façon à pouvoir pivoter ou se déployer à un rythme de 120 pas par minute (au lieu de la vitesse standard de 75 pas par minute) et à pouvoir tirer des feux de salve à concurence de cinq tirs à la minute.
Leuthen En dépit de ses talents de stratège, Frédéric II s'inquiéta de la progression en Silésie d'une armée autrichienne sous les ordres de prince Charles de Lorraine. Les Autrichiens, persuadés que les Prussiens ne livreraient plus bataille aussi tardivement dans la saison, s'avançèrent au-delà de Lissa pour se déployer solidement derrière un cours d'eau, le Schweidnitz.
L'armée autrichienne se composait de 65.000 hommes et 210 canons. Elle s'étendait sur un front de près de 7 kilomètres allant du village de Nippern, au Nord, au village de Sagschütz, au Sud, en passant par Leuthen, au centre.
Bien que ne disposant que de 33.000 hommes, Frédéric II décida de mener une attaque contre cette puissante armée. Dans cette contrée extrêmement dépourvue de reliefs, le roi de Prusse profita des rares collines, s'étendant de Borne à Lobetinz, afin d'amener son armée au contact tout en restant caché à la vue des Autrichiens jusqu'au moment fatidique. Frédéric II s'empara du hameau non défendu de Borne. A la suite de ce premier succès, il décida rapidement de la suite des opérations : une attaque de diversion contre la droite autrichienne suivie d'une progression de sa force principale dans les collines en vue d' une attaque de flanc contre l'aile gauche autrichienne.
Si l'armée prussienne avait progressé vers Borne en quatre colonnes parallèles, elle put aisément, à la suite de l'entraînement reçu, se former en deux lignes parallèles à l'issue de son mouvement de débordement.
Dans l'aube naissante, les premières attaques de diversion furent menées contre l'aile droite autrichienne. Les Autrichiens commirent une première erreur en prélevant des forces situées à leur gauche afin de contrer ce qu'ils estimèrent être l'attaque principale. Pendant ce temps, le gros des forces de Frédéric II dépassa Borne avant de progresser vers le Sud, derrière un rideau de collines, en direction du flanc gauche autrichien.
Les généraux autrichiens remarquèrent toutefois le mouvement mais commirent une autre erreur en estimant que la petite armée prussienne, ayant constaté l'importance de la force autrichienne, battait en retraite.
Ils constatèrent leur erreur en début d'après-midi, lorsque les formations de Frédéric II abordèrent Sagschütz en bifurquant vers le Nord. C'est alors un flanc gauche très déforcé qui eut à résister, de façon tout à fait imprévue, à l'attaque latérale du gros de l'armée prussienne.
Le général autrichien Nadasti, commandant de l'aile gauche, demanda des renforts au prince Charles mais, dans l'intervalle, Sagschütz tomba. Nadasti tenta une contre-attaque mais celle-ci, après un début prometteur, échoua totalement .
En une demi-heure, l'aile gauche autrichienne se désintégra complètement et les troupes fuirent vers le nord, jusqu'à Leuthen.
Enfin conscient du danger qui le menaçait, Charles de Lorraine ramena vers Leuthen les troupes qu'il avait inutilement envoyées vers sa droite lors des opérations de diversion prussiennes. Dans une tentative désespérée, l'armée autrichienne pivota vers la gauche afin de se former sur un axe Est - Ouest au lieu de l'axe initial Nord - Sud. Soumis à un intense bombardement prussien, les Autrichiens, paniqués, résistèrent de façon désordonnée. Les combats furent particulièrement durs dans le centre de Leuthen et plus particulièrement dans la cour de l'église mais, partout, les Autrichiens finirent par être repoussés.
Le moment décisf survint lorsque la cavalerie autrichienne, enfin revenue du flanc droit, chargea les rangs prussiens. Quarante escadrons de cavalerie prussiens, restés dissimulés derrière un repli de terrain, chargèrent contre le flanc droit des cavaliers autrichiens qui attaquaient. La charge autrichienne, désormais vouée à l'échec, échoua vers 16h00 et la cavalerie autrichienne, privée de son chef, le général Lucchese, tombé lors de l'assaut, prit la fuite.
A la tombée de la nuit, l'infanterie autrichienne, soumise à une forte pression, céda totalement et abandonna le terrain.
Une brillante victoire Leuthen fut la plus grande victoire jamais remportée par Frédéric II. Si les Prussiens perdirent environ 6.400 hommes, les Autrichiens en perdirent 22.000 (dont 12.000 prisonniers), 131 canons, toutes leurs munitions et la majeure partie de leur ravitaillement.
S'il avait disposé de quelques heures de clarté supplémentaires, Frédéric II aurait détruit totalement l'armée autrichienne. Au lieu de quoi, la guerre continua. En 1759, Frédéric II de Prusse fut vaincu par les Russes et les Autrichiens à Kunesdorf et, en 1760, Berlin fut occupée.
Un nouveau renversement survint en 1762 lors du décès de la tsarine Elisabeth. Le nouveau tsar, Pierre III, retira la Russie du conflit.
Bien qu'étant toujours confronté à une forte coalition, Frédéric II parvint à sauvegarder ses frontières lors de la signature de la paix de Hubertsburg en 1763. Désormais allié à la Russie, il s'empara ensuite de la majeure partie du territoire de la Pologne. Reconnu comme l'un des plus grands stratèges de tous les temps, il fut pour beaucoup dans la création de l'identité prussienne et imposa cette petite nation comme l'une des plus importantes de cette partie de l'Europe.
source: http://users.skynet.be/grandes_batailles/pages/107.html